Rupture #1
Passer d'une société basée sur l'intermédiation, les avantages et les formes de privilèges, à une société de droit garantissant l'équité
Notre modèle de développement a atteint ses limites car il y a une crise de confiance liée, notamment, à la domination des normes informelles sur les lois, à la nécessité de recourir à des passe-droits, aux réseaux et à la corruption pour accéder à ses propres droits et à l'incapacité de garantir une justice équitable et une concurrence saine.
Dans ce contexte, malgré les avancées démocratiques enregistrées dans notre pays et inscrites dans la Constitution du Royaume, le citoyen marocain continue à accorder peu de crédit aux institutions élues et à la capacité des acteurs politiques et de l'administration à garantir l'égalité des droits et l'équité de traitement entre tous les citoyens.
Cette situation est principalement causée par le développement des inégalités et particulièrement l'enrichissement massif et publiquement exposé des catégories les plus aisées. La persistance de l'économie de rente et d'une concurrence biaisée par les abus de positions dominantes et des délits d'initiés cumulés à un secteur financier que les opérateurs continuent à percevoir comme « ne prêtant qu'aux riches », ne contribue pas à atténuer ce sentiment d'injustice.
Cette perception est exacerbée par le développement de la corruption et du clientélisme dont les manifestations visibles sont fortement et abondamment relayées à travers les réseaux sociaux. Par exemple, les citoyens considèrent toujours que seules les interventions permettent d'accéder à l'emploi public malgré la généralisation des concours ou à un rendez-vous à l'hôpital qu'elle que soit la gravité de la maladie.
Parallèlement à cela, la multiplication des affaires liées à la mauvaise gestion des deniers publics, la connivence entre la réglementation et les intérêts des grandes fortunes et la perception d'une application à deux vitesses de la loi selon que l'on soit puissant ou misérable renforce la défiance du citoyen vis-à-vis de la responsabilité publique. Dans ce contexte, plus de 90% des victimes renoncent à recourir à la justice pour faire valoir leurs droits.
De surcroit, le corpus de lois réglementant notre pays est dense, complexe et souvent inadapté à la réalité sociale. Une loi passe généralement plusieurs années dans le circuit législatif sans être pour autant effective car les décrets et les moyens permettant son application font défaut. De ce fait, de larges pans de la législation sont inapplicables dans les faits, et sont bafoués au quotidien. A titre d'exemple l'amende instaurée récemment à l'encontre des piétons traversant en dehors des passages réservés ou la loi concernant les employés de maisons.
Il est donc, aujourd'hui, plus que nécessaire de passer d'une société basée sur l'intermédiation, les avantages et les privilèges à une société de droit, garantissant l'équité. Il s'agit, à travers cette rupture, de garantir la primauté de la loi, l'élaboration et l'exécution de la loi sur la base de la confiance envers le citoyen, la transparence et la simplification de l'accès aux services publics, ainsi que de rompre avec toutes les manifestations d'injustice dans la relation du citoyen avec l'administration.
Garantir la primauté de loi implique que la loi est applicable à tous sans distinction et sans restrictions. L'importance de l'application de ce principe est cruciale car toute brèche est de nature à fragiliser l'ensemble du système. Si les brèches béantes, qui ont proliféré par le passé, devront être assainies progressivement, il s'agira, toutefois, d'élaborer les futures lois de manière à ce qu'elles correspondent à la réalité sociale et à ce qu'elles puissent être appliquées sans délais ; évitant ainsi les effets d'annonce sans lendemains. Cette nouvelle approche est essentielle pour restaurer la confiance en l'Etat de droit et est un préalable à l'adhésion et à la crédibilité de tout modèle de développement.
Le détenteur de la décision publique devra, à son tour, élaborer des lois plus souples, plus fluides et moins restrictives, accordant davantage de confiance au citoyen et aux opérateurs et permettant ainsi à l'initiative et l'innovation de s'exprimer pleinement. Le décideur public devra aussi faire en sorte que l'accès aux services publics soit plus transparent, plus fluide, plus simple et plus efficace. Il s'agira particulièrement de lutter contre la multiplication des intervenants et des étapes pour accéder à ces services ; sachant que ces délais, ces étapes et l'opacité de certaines procédures sont autant d'opportunités favorisant le clientélisme et la corruption.
Une confiance mutuelle entre gouvernés et gouvernants ne peut durablement s'installer sans fortement réduire le sentiment d'injustice perçu par la population dont l'une des manifestions les moins acceptées par la société est la « Hogra ». Ce terme désigne en même temps l'injustice, l'abus du fort vis-à-vis du faible et le dénigrement ressenti par la dureté de la vie quotidienne et l'incapacité de faire face aux besoins et aux attentes des siens.
Ce sentiment de « Hogra » est de surcroit souvent utilisé pour alimenter la radicalisation et les protestations. Les puissants détenteurs de ce pouvoir de « Hogra » sont principalement, aux yeux de la population, les détenteurs des pouvoirs politique, administratif et économique tant au niveau planétaire, qu'à l'échelle nationale ou locale. Il s'agira, du moins aux niveaux national et territorial, non seulement de fortement réduire le pouvoir discrétionnaire des administrations, mais aussi d'enraciner la notion de service de l'usager ainsi que la protection des droits des justiciables et des consommateurs.
Pour conclure, notre pays n'a plus les moyens de se permettre d'être dans « l'à-peu-près » législatif qui ouvre la voie à une réglementation inégale, inadaptée et dont le respect est soumis au bon vouloir de chaque responsable, nourrissant ainsi le sentiment d'injustice et de défiance. Le passage d'une société basée sur l'intermédiation, les avantages et les privilèges à une société de droit, garantissant l'équité devient ainsi une nécessité pour accéder à un nouveau palier de développement.
Passer d'une société basée sur l'intermédiation, les avantages et les formes de privilèges, à une société de droit garantissant l'équité
Notre modèle de développement a atteint ses limites car il y a une crise de confiance liée, notamment, à la domination des normes informelles sur les lois, à la nécessité de recourir à des passe-droits, aux réseaux et à la corruption pour accéder à ses propres droits et à l'incapacité de garantir une justice équitable et une concurrence saine.
Dans ce contexte, malgré les avancées démocratiques enregistrées dans notre pays et inscrites dans la Constitution du Royaume, le citoyen marocain continue à accorder peu de crédit aux institutions élues et à la capacité des acteurs politiques et de l'administration à garantir l'égalité des droits et l'équité de traitement entre tous les citoyens.
Cette situation est principalement causée par le développement des inégalités et particulièrement l'enrichissement massif et publiquement exposé des catégories les plus aisées. La persistance de l'économie de rente et d'une concurrence biaisée par les abus de positions dominantes et des délits d'initiés cumulés à un secteur financier que les opérateurs continuent à percevoir comme « ne prêtant qu'aux riches », ne contribue pas à atténuer ce sentiment d'injustice.
Cette perception est exacerbée par le développement de la corruption et du clientélisme dont les manifestations visibles sont fortement et abondamment relayées à travers les réseaux sociaux. Par exemple, les citoyens considèrent toujours que seules les interventions permettent d'accéder à l'emploi public malgré la généralisation des concours ou à un rendez-vous à l'hôpital qu'elle que soit la gravité de la maladie.
Parallèlement à cela, la multiplication des affaires liées à la mauvaise gestion des deniers publics, la connivence entre la réglementation et les intérêts des grandes fortunes et la perception d'une application à deux vitesses de la loi selon que l'on soit puissant ou misérable renforce la défiance du citoyen vis-à-vis de la responsabilité publique. Dans ce contexte, plus de 90% des victimes renoncent à recourir à la justice pour faire valoir leurs droits.
De surcroit, le corpus de lois réglementant notre pays est dense, complexe et souvent inadapté à la réalité sociale. Une loi passe généralement plusieurs années dans le circuit législatif sans être pour autant effective car les décrets et les moyens permettant son application font défaut. De ce fait, de larges pans de la législation sont inapplicables dans les faits, et sont bafoués au quotidien. A titre d'exemple l'amende instaurée récemment à l'encontre des piétons traversant en dehors des passages réservés ou la loi concernant les employés de maisons.
Il est donc, aujourd'hui, plus que nécessaire de passer d'une société basée sur l'intermédiation, les avantages et les privilèges à une société de droit, garantissant l'équité. Il s'agit, à travers cette rupture, de garantir la primauté de la loi, l'élaboration et l'exécution de la loi sur la base de la confiance envers le citoyen, la transparence et la simplification de l'accès aux services publics, ainsi que de rompre avec toutes les manifestations d'injustice dans la relation du citoyen avec l'administration.
Garantir la primauté de loi implique que la loi est applicable à tous sans distinction et sans restrictions. L'importance de l'application de ce principe est cruciale car toute brèche est de nature à fragiliser l'ensemble du système. Si les brèches béantes, qui ont proliféré par le passé, devront être assainies progressivement, il s'agira, toutefois, d'élaborer les futures lois de manière à ce qu'elles correspondent à la réalité sociale et à ce qu'elles puissent être appliquées sans délais ; évitant ainsi les effets d'annonce sans lendemains. Cette nouvelle approche est essentielle pour restaurer la confiance en l'Etat de droit et est un préalable à l'adhésion et à la crédibilité de tout modèle de développement.
Le détenteur de la décision publique devra, à son tour, élaborer des lois plus souples, plus fluides et moins restrictives, accordant davantage de confiance au citoyen et aux opérateurs et permettant ainsi à l'initiative et l'innovation de s'exprimer pleinement. Le décideur public devra aussi faire en sorte que l'accès aux services publics soit plus transparent, plus fluide, plus simple et plus efficace. Il s'agira particulièrement de lutter contre la multiplication des intervenants et des étapes pour accéder à ces services ; sachant que ces délais, ces étapes et l'opacité de certaines procédures sont autant d'opportunités favorisant le clientélisme et la corruption.
Une confiance mutuelle entre gouvernés et gouvernants ne peut durablement s'installer sans fortement réduire le sentiment d'injustice perçu par la population dont l'une des manifestions les moins acceptées par la société est la « Hogra ». Ce terme désigne en même temps l'injustice, l'abus du fort vis-à-vis du faible et le dénigrement ressenti par la dureté de la vie quotidienne et l'incapacité de faire face aux besoins et aux attentes des siens.
Ce sentiment de « Hogra » est de surcroit souvent utilisé pour alimenter la radicalisation et les protestations. Les puissants détenteurs de ce pouvoir de « Hogra » sont principalement, aux yeux de la population, les détenteurs des pouvoirs politique, administratif et économique tant au niveau planétaire, qu'à l'échelle nationale ou locale. Il s'agira, du moins aux niveaux national et territorial, non seulement de fortement réduire le pouvoir discrétionnaire des administrations, mais aussi d'enraciner la notion de service de l'usager ainsi que la protection des droits des justiciables et des consommateurs.
Pour conclure, notre pays n'a plus les moyens de se permettre d'être dans « l'à-peu-près » législatif qui ouvre la voie à une réglementation inégale, inadaptée et dont le respect est soumis au bon vouloir de chaque responsable, nourrissant ainsi le sentiment d'injustice et de défiance. Le passage d'une société basée sur l'intermédiation, les avantages et les privilèges à une société de droit, garantissant l'équité devient ainsi une nécessité pour accéder à un nouveau palier de développement.
Rupture #2
Passer d’une approche basée sur l’urgence et la réaction pour tenter d’éteindre les foyers de crise à l’anticipation et à la vision stratégique de long-terme
L’une des principales faiblesses de notre dynamique de développement actuelle est la déperdition des efforts et des moyens qui sont de plus en plus mobilisées pourtenter d’apporter des réponses aussiurgentes que provisoiresà des foyers de crises en l’absence d’anticipation et de vision stratégique de long-terme.
Or,l’approche actuelle est non seulement coûteuse économiquement puisqu’elle est de nature à favoriser la culture de l’improvisation et du provisoire mais elle a également un coût social non négligeable où la protestation devient, aux yeux de la population, le seul moyen qui permette d’obtenir des réalisations palpables impactant sa vie quotidienne. Les dernières protestations enregistrées dans les provinces d’Al Hoceima, de Jerada ou de Zagorasont des limites de cette approche.
L’approche basée sur l’urgence, l’improvisation et les effets d’annonces est visibles au niveau de plusieurs politiques et services publics notamment :
• Les plans d’urgence et les réformes successives du système d’éducation et l’octroi de budgets, parmi les plus élevés au monde relativement au PIB, avec, en contrepartie un niveau qualitatif en perpétuelle dégradation et considéré parmi les plus faibles au monde ;• Les programmes de développement sans moyens ni effets à l’instar du programme national de développement de l’emploi ;• La généralisation annoncée de l’accès à l’eau potable pour tous les ménages alors que 30% des habitations rurales ne sont pas raccordées au réseau d’eau potable ; les critères utilisés par les pouvoirs publics étant la disponibilité d’une source d’eau à moins d’un kilomètre ;• La disponibilité affichée du personnel médical dans certaines zones rurales ou enclavées alors que le médecin n’est présent que 1 à 2 jours par semaine et que l’obtention d’un rendez-vous peut prendre plusieurs mois ;• La disponibilitéeffective de certains équipements médicaux alors que ceux-ci sont défectueux depuis plusieurs années ou ne disposent des techniciens ou des consommables leur permettant d’être opérationnels.
A la culture des réalisations sur le papier sans impacts sur la vie quotidienne de la population, s’ajoute la multiplication et la dispersion des programmes sociaux répartis entre plusieurs secteurs. Ainsi, il n’est pas rare de constater que les catégories aisées sont les principales bénéficiaires de mesures initialement destinées aux catégories les plus vulnérables à l’instar de la compensation. Il a été, par exemple, constaté que qu’une part importante des bénéficiaires initiaux du RAMED appartenaient au quintile (20%) le plus aisé de la population et que certains étaient déjà couverts par un autre régime (l’AMO).
Cette absence d’anticipation, de cohérence et de ciblage des programmes sociaux a pour conséquences que ces programmes peinent à atteindre leurs objectifs en matière de réduction des inégalités sociales et spatiales et de développement humain et ce, malgré les moyens importants qui leur sont consacrés. Ainsi, le classement du Maroc en matière de développement humain n’a pas progressé durant les 20 dernières années et le niveau des inégalités est resté élevé (GINI=0,40) malgré un inversement de tendance observé entre 2007 et 2014. Par ailleurs, au niveau des inégalités territoriales, 80% de la pauvreté reste toujours concentrée en milieu rural.
Dans ce contexte, il s’agit, aujourd’hui, d’adopter une approche basée sur l’anticipation et à la vision stratégique de long-terme qui nous permette de mobiliser et de coordonner nos efforts ainsi que d’en optimiser le potentiel. L’élaboration et la mise en œuvre de cette vision ne nécessitent pas seulement des compétences et des moyens mais aussi :
• L’appropriation du projet sociétal commun dont la source première devra être la volonté et l’adhésion des citoyennes et des citoyens, l’objectif principal sera l’amélioration de leurs conditions de vie et de celles de leurs enfants et dont le moteur essentiel sera l’effort collectif pour atteindre des objectifs communs ;• L’anticipation qui se traduit par l’introduction d’une nouvelle culture en matière de programmation et d’exécution basée sur la mise en place des mécanismes nécessaires pour l'écoute, la prise en charge précoce et la gestion de crises ;• La garantie de la durabilité qui protège les intérêts des générations futuresen tant que principe essentiel dans la gestion de la chose publique et privé qui écarte les solutions de colmatage et les pseudo-succès provisoires qui hypothèquent l’avenir ;• L’intégration d’une culture de service au citoyen avec une évaluation précise de l’impact effectif des politiques sur la vie quotidienne de la population.
Si les moyens dont dispose notre pays sont limités pour nous permettre d’apporter une réponse immédiate à toutes les attentes de la population, il est d’autant plus inconcevable que ces moyens soient fortement mobilisés pour apporter des réponses ponctuelles dans l’urgence plutôt que pour accompagner la dynamique de développement de manière durable et efficiente. Dans ce contexte, il devient donc aussi urgent que nécessaire de passer d’une approche basée sur l’urgence et la réaction pour tenter d’éteindre les foyersde crise à l’anticipation et à la vision stratégique de long-terme pour accéder à un nouveau palier de développement.
Rupture #3
Passer de l’éparpillement des efforts et de l’usage des ressources au ciblage des politiques publiques sur les ménages et les territoires
La dynamique de développement de note pays n’a pas été en mesure de réduire les inégalités sociales et territoriales durant les 20 dernières années malgré l’importance, la multiplicité et la succession des politiques publiques etdes programmes économiques et sociaux destinés à cet effet. Or, la réduction des inégalités sociales et spatiales est non seulement nécessaire au renforcement de la cohésion sociale mais contient intrinsèquement des potentialités importantes d’accélération de la dynamique de développement. Pour être en mesure de valoriser ce potentiel latent, il est, aujourd’hui, nécessaire de passer de l’éparpillement des efforts et de l’usage des ressources au ciblage des politiques publiques sur les ménages et les territoires.
En effet, bien que les taux de pauvreté et de vulnérabilité aient fortement baissé durant cette période, les inégalités sociales et notammentles écarts en matière de niveau de vie des ménages se sont maintenus au même niveau durant les 20 dernières années malgré une légère amélioration entre 2007 et 2014. Parallèlement,la mobilité sociale ascendante a atteint un degré de rigidité important illustrée par le fait que seuls 1,9% des enfants d’ouvriers ou d’exploitants agricoles atteignent un niveau de cadre supérieur.
Ces inégalités sont encore plus importantes entre les territoires notamment en ce qui concerne l’importance de l’activité économique, les opportunités d’emploi, le niveau d’éducation, l’accès aux soins et aux services administratifs. A titre d’exemple, le nombremoyen d’années de scolarisation par habitant est inférieurà 2 ans dans plusieurs communes rurales quand celui-ci dépasseles 10 ans dans certains arrondissements urbains. D’autre part, certaines provinces disposent d’un médecin pour 700 habitants quandd’autres provinces ne disposent que d’un seul médecin pour plus de 7000 habitants.
Parallèlement, il existe plus de 100 programmes sociaux répartis entre différentes institutions alors que mécanismes font défaut pour en garantir le ciblage, la coordination et la complémentarité. Au déficit d’efficacité de ces programmes s’ajoute une répartition déséquilibrée des investissements privés et publics entre les différents territoires.
Pour illustrer la reproduction de ces déséquilibres, il suffit de s’intéresser à la répartition des investissements des établissements publics prévus par le projet de loi de finances pour l’année 2019 quidépassent les 5000 dirhams par habitant en ce qui concerne la région de Casablanca-Settat contre 1000 pour la région de Fès-Meknès et 1500 pour celle de Draa-Tafilalet.
Bien que les territoires les plus favorisés aient aussi besoin de soutien et d’investissement, elles ont, pour la plupart, atteint leurs potentiels de croissance, d’attractivité des talents et des investissements. Parallèlement, les zones les moins favorisées recèlent de ressources humaines et naturelles largement sous exploités. L’intégration de ce capital humain et la valorisation de ces ressources ne pourront se réaliser qu’à travers l’amélioration de l’attractivité, de la connectivité et du cadre général de vie dans ces territoires.
Dans ce contexte et pour accéder à un nouveau palier de développement,il devient impératif de valoriser tout le potentiel social et territorial du pays et d’assurer l’inclusion de toutes les Marocaines et tous les Marocains dans cette dynamique. L’atteinte de ces objectifs implique depasser de l’éparpillement des efforts et de l’usage des ressources au ciblage des politiques publiques sur les ménages et les territoires. A cet effet, il s’agit notamment de :
C’est enpassant de l’éparpillement des efforts et de l’usage des ressources au ciblage des politiques publiques sur les ménages et les territoires, que l’action publique sera plus efficace et plus équitable contribuant ainsi au renforcement de la cohésion sociale en brisant le cycle du déterminisme social et territorial de reproduction de la pauvreté tout en valorisant le potentiel de réalisation d’une nouvelle dynamique de développement à travers l’inclusion de tous et sur l’ensemble du territoire national.
Passer de l’éparpillement des efforts et de l’usage des ressources au ciblage des politiques publiques sur les ménages et les territoires
La dynamique de développement de note pays n’a pas été en mesure de réduire les inégalités sociales et territoriales durant les 20 dernières années malgré l’importance, la multiplicité et la succession des politiques publiques etdes programmes économiques et sociaux destinés à cet effet. Or, la réduction des inégalités sociales et spatiales est non seulement nécessaire au renforcement de la cohésion sociale mais contient intrinsèquement des potentialités importantes d’accélération de la dynamique de développement. Pour être en mesure de valoriser ce potentiel latent, il est, aujourd’hui, nécessaire de passer de l’éparpillement des efforts et de l’usage des ressources au ciblage des politiques publiques sur les ménages et les territoires.
En effet, bien que les taux de pauvreté et de vulnérabilité aient fortement baissé durant cette période, les inégalités sociales et notammentles écarts en matière de niveau de vie des ménages se sont maintenus au même niveau durant les 20 dernières années malgré une légère amélioration entre 2007 et 2014. Parallèlement,la mobilité sociale ascendante a atteint un degré de rigidité important illustrée par le fait que seuls 1,9% des enfants d’ouvriers ou d’exploitants agricoles atteignent un niveau de cadre supérieur.
Ces inégalités sont encore plus importantes entre les territoires notamment en ce qui concerne l’importance de l’activité économique, les opportunités d’emploi, le niveau d’éducation, l’accès aux soins et aux services administratifs. A titre d’exemple, le nombremoyen d’années de scolarisation par habitant est inférieurà 2 ans dans plusieurs communes rurales quand celui-ci dépasseles 10 ans dans certains arrondissements urbains. D’autre part, certaines provinces disposent d’un médecin pour 700 habitants quandd’autres provinces ne disposent que d’un seul médecin pour plus de 7000 habitants.
Parallèlement, il existe plus de 100 programmes sociaux répartis entre différentes institutions alors que mécanismes font défaut pour en garantir le ciblage, la coordination et la complémentarité. Au déficit d’efficacité de ces programmes s’ajoute une répartition déséquilibrée des investissements privés et publics entre les différents territoires.
Pour illustrer la reproduction de ces déséquilibres, il suffit de s’intéresser à la répartition des investissements des établissements publics prévus par le projet de loi de finances pour l’année 2019 quidépassent les 5000 dirhams par habitant en ce qui concerne la région de Casablanca-Settat contre 1000 pour la région de Fès-Meknès et 1500 pour celle de Draa-Tafilalet.
Bien que les territoires les plus favorisés aient aussi besoin de soutien et d’investissement, elles ont, pour la plupart, atteint leurs potentiels de croissance, d’attractivité des talents et des investissements. Parallèlement, les zones les moins favorisées recèlent de ressources humaines et naturelles largement sous exploités. L’intégration de ce capital humain et la valorisation de ces ressources ne pourront se réaliser qu’à travers l’amélioration de l’attractivité, de la connectivité et du cadre général de vie dans ces territoires.
Dans ce contexte et pour accéder à un nouveau palier de développement,il devient impératif de valoriser tout le potentiel social et territorial du pays et d’assurer l’inclusion de toutes les Marocaines et tous les Marocains dans cette dynamique. L’atteinte de ces objectifs implique depasser de l’éparpillement des efforts et de l’usage des ressources au ciblage des politiques publiques sur les ménages et les territoires. A cet effet, il s’agit notamment de :
- Soutenir une dynamique de développement équilibrée sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, tout en continuant à appuyer la trajectoire de développement sur le littoral Atlantique Nord, il est nécessaire de poursuivre la mobilisation pour la mise en œuvre du modèle de développement des provinces du Sud et d’élaborer une stratégie intégrée pour le développement des zones de montages et du corridor frontalier ;
- Orienter les politiques sociales vers les ménages avec l’objectif de contribuer à leur propre mobilité socialeet à celle de leur enfants. Cet accompagnement social s’intégrera dans le projet du ménage et bénéficiera des leviers que constituent la mobilisation, la solidarité et la responsabilité de chacun vis-à-vis du ménage ;
- Garantir un ciblage précis des bénéficiaires à travers notamment la mise en place du registre unique et l’évaluation régulière de l’impact des politiques publiques sur la vie quotidienne des ménages et sur la réduction des inégalités sociales et territoriales.
C’est enpassant de l’éparpillement des efforts et de l’usage des ressources au ciblage des politiques publiques sur les ménages et les territoires, que l’action publique sera plus efficace et plus équitable contribuant ainsi au renforcement de la cohésion sociale en brisant le cycle du déterminisme social et territorial de reproduction de la pauvreté tout en valorisant le potentiel de réalisation d’une nouvelle dynamique de développement à travers l’inclusion de tous et sur l’ensemble du territoire national.
Rupture#4
Passer d’une gestion sectorielle en silos à une approche intégrée basée sur la cohérence et la complémentarité des services et des projets de développement au niveau et territoires
Notre dynamique de développement s’appuie sur des stratégies et des plans sectoriels qui, pour certains, ont permis de réaliser des avancées notables, mais pour la plupart, se sont vite confrontés à des limites liées à l’absence d’une approche intégrée basée sur la cohérence et la complémentarité entre les services et les projets de développement au niveau des territoires.
Ce déficit d’articulation et de coordination est abondamment illustré dans un ensemble de dysfonctionnements. Ainsi, il n’est pas rare de voir s’édifier de grands ensembles d’habitations qui restent déserts car ils ne disposent pas de routes, ne sont pas connectés à un quelconque réseau de transport public sans parler de l’absence de sécurité, d’opportunités d’emplois, d’établissements scolaires ou d’offre de services de soins, administratifs, culturels ou sportifs.
Cet exemple de gestion sectorielle en silo dans le domaine de l’habitat nous a conduit au paradoxe d’octroyer, d’une part, d’importants moyens pour réduire un déficit qui s’élèverait à 400'000 logements alors, que d’autre part, près de 1,2 millions de logement seraient vacants.
La même situation se répète dans plusieurs zones industrielles peu valorisées souffrant d’une inadéquation entre les besoins des opérateurs et l’offre disponible notamment due à l’appropriation et une valorisation souvent inadaptée du foncier initialement réservé à l’industrie par des spéculateurs immobiliers. A cela s’ajoute un dimensionnement insuffisant des infrastructures hors et au sein du site quand elles existent ainsi que l’absence des services nécessaires notamment en ce qui concerne le transport et la restauration.
Ces mêmes problématiques sont observées au niveau de l’articulation entre les politiques nationales et territoriales. L’une des illustrations les plus aberrantes de ce déficit d’articulation et de coordination est de voir, par exemple, certains ponts surplomber des routes ou des autoroutes sans que ces mêmes ponts ne soient, eux-mêmes, connectés à aucune route. Le déficit le plus inquiétant aujourd’hui se situe dans l’absence d’interaction effective entre les stratégies sectorielles, qui continuent à être exécutées sans pleinement prendre en considération la profonde réforme de l’état qu’est la régionalisation avancée, et certains plans de développement régionaux qui n’ont pas complétement intégré les limites et les contraintes en termes de ressources et de moyens au niveau national.
Ce déficit de coordination et d’articulation impacte également le développement et l’intégration du tissu productif national. Ainsi, par exemple, le Maroc exporte des minerais contenant des métaux qui sont raffinés en Europe ou en Chine et qu’il réimporte pour son industrie (Cuivre, Plomb…). Ces territoires, d’où sont prélevés ces mêmes minerais, sont non seulement vulnérables et en déficit d’opportunités et de perspectives mais disposent, pour la plupart, d’une culture industrielle et d’une infrastructure de base qu’il s’agit de rafraîchir et de moderniser. Parallèlement, les obstacles qui entravent l’intégration des produits marocains dans les chaines de valeurs mondiales et leurs accès aux marchés internationaux sont peu pris en charge notamment au niveau du transport et de la logistique, des barrières réglementaires et normatives et du marketing et de la distribution.
Pourtant, cette coordination et cette interaction entre les différents secteurs et acteurs nationaux et locaux ont d’autant plus d’importance que le succès d’un secteur peut être entièrement dépendant de politiques menées au niveau d’un autre département à l’instar de la mise en œuvre de l’Open Sky au niveau du transport aérien qui a été l’un des principaux moteurs du développement des arrivées touristiques durant la décennie 2000. Alors, qu’à l’inverse, l’absence d’infrastructures d’assainissements par exemple a fortement impacté les premières années de démarrage d’une station balnéaire à l’Est du pays.
Il est donc aujourd’hui, nécessaire de passer d’une gestion sectorielle en silos à une approche intégrée basée sur la cohérence et la complémentarité des services et des projets de développement au niveau et territoires, Il s’agit particulièrement de :
Notre dynamique de développement ne peut plus être l’otage d’une absence de coordination. Les rares ressources desquelles nous disposons pour créer de la richesse et de l’emploi ne sauraient être dilapidées ou bloquées en l’absence de mécanisme de mise en cohérence, de coordination et d’évaluation. Pour remédier à ces dysfonctionnements et accéder à un nouveau palier de développement, il est, aujourd’hui, nécessaire de passer d’une gestion sectorielle en silos à une approche intégrée basée sur la cohérence et la complémentarité des services et des projets de développement au niveau et territoires.
Passer d’une gestion sectorielle en silos à une approche intégrée basée sur la cohérence et la complémentarité des services et des projets de développement au niveau et territoires
Notre dynamique de développement s’appuie sur des stratégies et des plans sectoriels qui, pour certains, ont permis de réaliser des avancées notables, mais pour la plupart, se sont vite confrontés à des limites liées à l’absence d’une approche intégrée basée sur la cohérence et la complémentarité entre les services et les projets de développement au niveau des territoires.
Ce déficit d’articulation et de coordination est abondamment illustré dans un ensemble de dysfonctionnements. Ainsi, il n’est pas rare de voir s’édifier de grands ensembles d’habitations qui restent déserts car ils ne disposent pas de routes, ne sont pas connectés à un quelconque réseau de transport public sans parler de l’absence de sécurité, d’opportunités d’emplois, d’établissements scolaires ou d’offre de services de soins, administratifs, culturels ou sportifs.
Cet exemple de gestion sectorielle en silo dans le domaine de l’habitat nous a conduit au paradoxe d’octroyer, d’une part, d’importants moyens pour réduire un déficit qui s’élèverait à 400'000 logements alors, que d’autre part, près de 1,2 millions de logement seraient vacants.
La même situation se répète dans plusieurs zones industrielles peu valorisées souffrant d’une inadéquation entre les besoins des opérateurs et l’offre disponible notamment due à l’appropriation et une valorisation souvent inadaptée du foncier initialement réservé à l’industrie par des spéculateurs immobiliers. A cela s’ajoute un dimensionnement insuffisant des infrastructures hors et au sein du site quand elles existent ainsi que l’absence des services nécessaires notamment en ce qui concerne le transport et la restauration.
Ces mêmes problématiques sont observées au niveau de l’articulation entre les politiques nationales et territoriales. L’une des illustrations les plus aberrantes de ce déficit d’articulation et de coordination est de voir, par exemple, certains ponts surplomber des routes ou des autoroutes sans que ces mêmes ponts ne soient, eux-mêmes, connectés à aucune route. Le déficit le plus inquiétant aujourd’hui se situe dans l’absence d’interaction effective entre les stratégies sectorielles, qui continuent à être exécutées sans pleinement prendre en considération la profonde réforme de l’état qu’est la régionalisation avancée, et certains plans de développement régionaux qui n’ont pas complétement intégré les limites et les contraintes en termes de ressources et de moyens au niveau national.
Ce déficit de coordination et d’articulation impacte également le développement et l’intégration du tissu productif national. Ainsi, par exemple, le Maroc exporte des minerais contenant des métaux qui sont raffinés en Europe ou en Chine et qu’il réimporte pour son industrie (Cuivre, Plomb…). Ces territoires, d’où sont prélevés ces mêmes minerais, sont non seulement vulnérables et en déficit d’opportunités et de perspectives mais disposent, pour la plupart, d’une culture industrielle et d’une infrastructure de base qu’il s’agit de rafraîchir et de moderniser. Parallèlement, les obstacles qui entravent l’intégration des produits marocains dans les chaines de valeurs mondiales et leurs accès aux marchés internationaux sont peu pris en charge notamment au niveau du transport et de la logistique, des barrières réglementaires et normatives et du marketing et de la distribution.
Pourtant, cette coordination et cette interaction entre les différents secteurs et acteurs nationaux et locaux ont d’autant plus d’importance que le succès d’un secteur peut être entièrement dépendant de politiques menées au niveau d’un autre département à l’instar de la mise en œuvre de l’Open Sky au niveau du transport aérien qui a été l’un des principaux moteurs du développement des arrivées touristiques durant la décennie 2000. Alors, qu’à l’inverse, l’absence d’infrastructures d’assainissements par exemple a fortement impacté les premières années de démarrage d’une station balnéaire à l’Est du pays.
Il est donc aujourd’hui, nécessaire de passer d’une gestion sectorielle en silos à une approche intégrée basée sur la cohérence et la complémentarité des services et des projets de développement au niveau et territoires, Il s’agit particulièrement de :
• Adopter une approche systémique intégrée basée sur la contractualisation dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques ;
• Insérer, dans le cadre d’une stratégie industrielle globale de manière complémentaire et intégrée avec les métiers mondiaux du Maroc, le développement du potentiel de valorisation des ressources naturelles et des territoires du pays ainsi que le développement d’une infrastructure matérielle et immatérielle d’appui à l’accès aux marchés internationaux pour les produits nationaux. Il s’agit, en effet, de passer d’une offre exportable basée sur la compétitivité par le cout à une offre basée sur le potentiel spécifique et la dynamique de conquête des marchés ;
• Accélérer la grande réforme de l’Etat que constitue la régionalisation avancée qui permettra aux régions d’avoir plus de poids et de ressources pour activer la dynamique d’un développement basé sur les spécificités et les atouts des territoires tout en prenant en compte leurs contraintes ;
• Assurer une intégration territoriale des politiques publiques dans le cadre de la régionalisation intégrée notamment à travers les contrats programmes Etat-Régions ;
• Etablir et éclaircir les prérogatives et les modes d’interaction et de coordination des différents intervenants, en appréhender les liens de causalité et notamment leur influence en termes de blocage ou de déperdition d’efforts ;
• Prédéfinir les mécanismes d’évaluation, d’alerte et de remédiation nécessaires.
Notre dynamique de développement ne peut plus être l’otage d’une absence de coordination. Les rares ressources desquelles nous disposons pour créer de la richesse et de l’emploi ne sauraient être dilapidées ou bloquées en l’absence de mécanisme de mise en cohérence, de coordination et d’évaluation. Pour remédier à ces dysfonctionnements et accéder à un nouveau palier de développement, il est, aujourd’hui, nécessaire de passer d’une gestion sectorielle en silos à une approche intégrée basée sur la cohérence et la complémentarité des services et des projets de développement au niveau et territoires.
Rupture#5
*Passer d’un modèle d’édification des infrastructures à un modèle visant à renforcer les capacités humaines et celles des entreprises et des organisations pour accompagner la nouvelle dynamique de développement recherchée
Durant les 20 dernières années, notre pays a consacré une part importante de ses ressources à l’édification d’infrastructures qui, par ce qu’elles ne sont pas valorisées à leurs pleins potentiels, ne contribuent pas suffisamment à la création de richesse et d’emploi. Pour accompagner la nouvelle dynamique de développement, il est nécessaire de passer d’un modèle d’édification des infrastructures à un modèle visant à renforcer les capacités humaines et celles des entreprises et des organisations.
Parmi les multiples transformations qui se sont produites dans notre pays durant les 20 dernières années, la plus visible est le développement du premier réseau d’infrastructures en Afrique. Ces infrastructures ont été édifiées notamment grâce à la mobilisation d’un niveau d’investissement si situant à plus de 30% du PIB ; l’un des taux les plus importants au monde.
La rentabilité de ces investissements en termes de croissance est aujourd’hui parmi les plus faibles au monde. Ainsi, pour générer 1 point de croissance, il faut, au Maroc, augmenter l’investissement de plus de 8% au lieu de 4% en moyenne pour les pays émergents. Durant la même période, le point de croissance, qui induisait la création de plus de 30'000 emplois, en crée plus ou moins 15'000.
En effet, si nous savons aujourd’hui réaliser de grandes infrastructures, nous n’avons pas été en mesure de les valoriser de manière optimale ; les rares valorisations étant le fruit d’investisseurs étrangers à l’instar de l’industrie automobile à l’exception notable de l’OCP et d’une poignée d’autres investisseurs nationaux.
Cette situation questionne sur la pertinence de l’orientation des futurs investissements sur le renforcement du « Soft » (Exploitation) plutôt sur l’édification « Hard » (Construction) pour créer les conditions d’un développement vertueux.
Ce passage de la logique « Hard » à l’approche « Soft » implique d’orienter les investissements vers le renforcement des capacités humaines, des entreprises et des organisations pour accompagner la nouvelle dynamique de développement recherchée. Pour y parvenir, il s’agit de :
Notre pays est, aujourd’hui, doté d’un réseau d’infrastructures moderne qu’il est nécessaire de mieux valoriser pour créer plus de richesse et d’emplois. Pour accéder à un nouveau palier de développement, il est nécessaire, aujourd’hui, de passer d’un modèle centré sur l’édification des infrastructures à un modèle visant à renforcer les capacités humaines et celles des entreprises et des organisations.
*Passer d’un modèle d’édification des infrastructures à un modèle visant à renforcer les capacités humaines et celles des entreprises et des organisations pour accompagner la nouvelle dynamique de développement recherchée
Durant les 20 dernières années, notre pays a consacré une part importante de ses ressources à l’édification d’infrastructures qui, par ce qu’elles ne sont pas valorisées à leurs pleins potentiels, ne contribuent pas suffisamment à la création de richesse et d’emploi. Pour accompagner la nouvelle dynamique de développement, il est nécessaire de passer d’un modèle d’édification des infrastructures à un modèle visant à renforcer les capacités humaines et celles des entreprises et des organisations.
Parmi les multiples transformations qui se sont produites dans notre pays durant les 20 dernières années, la plus visible est le développement du premier réseau d’infrastructures en Afrique. Ces infrastructures ont été édifiées notamment grâce à la mobilisation d’un niveau d’investissement si situant à plus de 30% du PIB ; l’un des taux les plus importants au monde.
La rentabilité de ces investissements en termes de croissance est aujourd’hui parmi les plus faibles au monde. Ainsi, pour générer 1 point de croissance, il faut, au Maroc, augmenter l’investissement de plus de 8% au lieu de 4% en moyenne pour les pays émergents. Durant la même période, le point de croissance, qui induisait la création de plus de 30'000 emplois, en crée plus ou moins 15'000.
En effet, si nous savons aujourd’hui réaliser de grandes infrastructures, nous n’avons pas été en mesure de les valoriser de manière optimale ; les rares valorisations étant le fruit d’investisseurs étrangers à l’instar de l’industrie automobile à l’exception notable de l’OCP et d’une poignée d’autres investisseurs nationaux.
Cette situation questionne sur la pertinence de l’orientation des futurs investissements sur le renforcement du « Soft » (Exploitation) plutôt sur l’édification « Hard » (Construction) pour créer les conditions d’un développement vertueux.
Ce passage de la logique « Hard » à l’approche « Soft » implique d’orienter les investissements vers le renforcement des capacités humaines, des entreprises et des organisations pour accompagner la nouvelle dynamique de développement recherchée. Pour y parvenir, il s’agit de :
• Elaborer une stratégie nationale, déclinée au niveau régionale et locale, pour un renforcement substantiel de capacités du capital humain. Ce renforcement ne devra pas se limiter aux compétences techniques mais aussi se focaliser sur les valeurs de citoyenneté, du mérite, du travail, du respect des normes et des engagements, du savoir-être, du savoir-apprendre et du savoir-communiquer. Ce renforcement devra aussi avoir pour objectif de garantir un bagage de valeurs et de compétences fonctionnelles minimales qui permette à chacun de s’intégrer dans la dynamique de développement. Il permettra, ensuite, à ceux qui le désirent de poursuivre leur formation tout au long de la vie et de certifier leurs compétences acquises ;
• Consacrer une part de plus en plus importante de l’investissement public à l’accompagnement effectif du renforcement de l’appareil productif et des entreprises à travers notamment le renforcement de l’appui à l’investissement, au recrutement, à la formation des compétences, à l’innovation et à a conquête de marché ainsi qu’à travers des prises de participations directes ainsi que la prise en charge de certains risques notamment en ce qui concerne les secteurs stratégiques et/ou d’avenir fortement capitalistiques ;
• Allouer un part des investissements au développement des technologies et de l’innovation qui permettraient au Maroc de passer du stade de consommateur à celui de producteur de technologie et d’innovations ;
• Assainir, en amont, le foncier en marge des infrastructures édifiées (ou à édifier) tout en proposant une offre locative pour les industries et en renforçant les services connexes pour encourager l’investissement privé et éviter la spéculation.
Notre pays est, aujourd’hui, doté d’un réseau d’infrastructures moderne qu’il est nécessaire de mieux valoriser pour créer plus de richesse et d’emplois. Pour accéder à un nouveau palier de développement, il est nécessaire, aujourd’hui, de passer d’un modèle centré sur l’édification des infrastructures à un modèle visant à renforcer les capacités humaines et celles des entreprises et des organisations.
Rupture#6
Passer d’une consommation abusive des ressources rares, notamment en eau, en énergie et en financements, à une consommation responsable de ces ressources et à leur valorisation pour le développement et l’amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens en y intégrant des conditions à caractère contraignant pour garantir la durabilité
Notre approche actuelle de développement se traduit par une consommation abusive des ressources rares dans notre pays notamment en ce qui concerne l’eau, l’énergie et les financements. De par la forte corrélation entre approvisionnement en ressources, satisfaction des besoins des citoyens, productivité économique sécurité alimentaire et stabilité, il est, aujourd’hui, nécessaire d’adopter une consommation responsable de ces ressources rares et d’entreprendre une valorisation contribuant au développement et à l’amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens en y intégrant des conditions à caractère contraignant pour garantir la durabilité.
En effet, notre pays fait partie des 20 pays les plus touchés par le stress hydrique ne disposant plus que de 500 m3 d’eau par habitant en 2018 contre 2500 m3 en 1960 sachant qu’environ 80% de la consommation d’eau est absorbée par l’agriculture, 12% par les ménages et 8% par l’industrie. Cette situation de stress hydrique est accentuée par les effets du changement climatique et questionne sur la distribution rationnelle et équitable de cette ressource rare ainsi que sur son potentiel de valorisation.
Nous pouvons constater, par exemple, que les territoires montagneux qui possèdent les réserves d’eau les plus importantes sont parmi les plus mal desservis par cette ressource qui est mobilisée en aval pour l’agriculture extensive et la consommation des ménages urbains ; cette situation exacerbant les tensions sociales dans des territoires en situation de vulnérabilité multidimensionnelle par ailleurs. La question peut, par ailleurs aussi, se poser de savoir s’il est pertinent de continuer à produire des cultures à gros besoins d’eau, a fortiori de les exporter, dans certains cas.
Parallèlement, notre facture énergétique est passée de 4,2% du PIB en 2002 à 6,5% en 2017 atteignant un pic à 11,4% en 2013 du à la forte progression des cours du pétrole. Le renforcement du tissu industriel du pays cumulé à l’évolution de la mobilité des biens et des personnes et du niveau des équipements des ménages a induit une augmentation constante des besoins en énergie alors que le Maroc importe plus de 90% de ses besoins. Si l’impact de ces évolutions est aujourd’hui atténué par le développement des énergies renouvelables, il importe de questionner notre mode de consommation et de valorisation de la ressource énergétique.
En ce qui concerne la rareté des ressources financières, le Maroc ne possède pas, à l’instar d’autres pays, de ressources naturelles lui permettant de disposer de revenus suffisants pour accompagner ses besoins en matière de développement. Notre pays ne peut, par ailleurs, de par sa taille, son histoire et sa structure socio-économique se positionner en tant que « paradis fiscal » pour attirer et retenir massivement des capitaux. Or, notre dynamique de développement actuelle, qui est essentiellement portée par la consommation finale des ménages et des administrations ainsi que par l’investissement notamment public a entraîné une évolution inquiétante de l’endettement public et de l’endettement des ménages. Si le recours à l’endettement est vertueux quand ce dernier est affecté à l’investissement, il l’est moins quand les ménages et les institutions publiques y ont recours respectivement pour boucler des fins de mois difficiles ou pour couvrir des dépenses ordinaires.
Ces tendances en matière de consommation non durable des ressources en eau, en énergie et en financement est de nature à hypothéquer la capacité de développement des générations futures. Il est donc aujourd’hui nécessaire de passer d’une consommation abusive de ces ressources rares à une consommation responsable de ces ressources et à leur valorisation pour le développement et l’amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens en y intégrant des conditions à caractère contraignant pour garantir la durabilité. Cette rupture implique d’intégrer la durabilité en tant que pilier du modèle de développement du pays à travers notamment :
La baisse progressive du niveau de durabilité de notre trajectoire de développement constitue non seulement un frein pour la dynamique actuelle mais aussi une hypothèque pour l’avenir de nos enfants. Pour accélérer notre évolution vers un nouveau palier de développement et en garantir la durabilité, il est nécessaire de passer d’une consommation abusive des ressources rares en eau, en énergie et en financements, à une consommation responsable de ces ressources et à leur valorisation pour le développement et l’amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens.
Passer d’une consommation abusive des ressources rares, notamment en eau, en énergie et en financements, à une consommation responsable de ces ressources et à leur valorisation pour le développement et l’amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens en y intégrant des conditions à caractère contraignant pour garantir la durabilité
Notre approche actuelle de développement se traduit par une consommation abusive des ressources rares dans notre pays notamment en ce qui concerne l’eau, l’énergie et les financements. De par la forte corrélation entre approvisionnement en ressources, satisfaction des besoins des citoyens, productivité économique sécurité alimentaire et stabilité, il est, aujourd’hui, nécessaire d’adopter une consommation responsable de ces ressources rares et d’entreprendre une valorisation contribuant au développement et à l’amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens en y intégrant des conditions à caractère contraignant pour garantir la durabilité.
En effet, notre pays fait partie des 20 pays les plus touchés par le stress hydrique ne disposant plus que de 500 m3 d’eau par habitant en 2018 contre 2500 m3 en 1960 sachant qu’environ 80% de la consommation d’eau est absorbée par l’agriculture, 12% par les ménages et 8% par l’industrie. Cette situation de stress hydrique est accentuée par les effets du changement climatique et questionne sur la distribution rationnelle et équitable de cette ressource rare ainsi que sur son potentiel de valorisation.
Nous pouvons constater, par exemple, que les territoires montagneux qui possèdent les réserves d’eau les plus importantes sont parmi les plus mal desservis par cette ressource qui est mobilisée en aval pour l’agriculture extensive et la consommation des ménages urbains ; cette situation exacerbant les tensions sociales dans des territoires en situation de vulnérabilité multidimensionnelle par ailleurs. La question peut, par ailleurs aussi, se poser de savoir s’il est pertinent de continuer à produire des cultures à gros besoins d’eau, a fortiori de les exporter, dans certains cas.
Parallèlement, notre facture énergétique est passée de 4,2% du PIB en 2002 à 6,5% en 2017 atteignant un pic à 11,4% en 2013 du à la forte progression des cours du pétrole. Le renforcement du tissu industriel du pays cumulé à l’évolution de la mobilité des biens et des personnes et du niveau des équipements des ménages a induit une augmentation constante des besoins en énergie alors que le Maroc importe plus de 90% de ses besoins. Si l’impact de ces évolutions est aujourd’hui atténué par le développement des énergies renouvelables, il importe de questionner notre mode de consommation et de valorisation de la ressource énergétique.
En ce qui concerne la rareté des ressources financières, le Maroc ne possède pas, à l’instar d’autres pays, de ressources naturelles lui permettant de disposer de revenus suffisants pour accompagner ses besoins en matière de développement. Notre pays ne peut, par ailleurs, de par sa taille, son histoire et sa structure socio-économique se positionner en tant que « paradis fiscal » pour attirer et retenir massivement des capitaux. Or, notre dynamique de développement actuelle, qui est essentiellement portée par la consommation finale des ménages et des administrations ainsi que par l’investissement notamment public a entraîné une évolution inquiétante de l’endettement public et de l’endettement des ménages. Si le recours à l’endettement est vertueux quand ce dernier est affecté à l’investissement, il l’est moins quand les ménages et les institutions publiques y ont recours respectivement pour boucler des fins de mois difficiles ou pour couvrir des dépenses ordinaires.
Ces tendances en matière de consommation non durable des ressources en eau, en énergie et en financement est de nature à hypothéquer la capacité de développement des générations futures. Il est donc aujourd’hui nécessaire de passer d’une consommation abusive de ces ressources rares à une consommation responsable de ces ressources et à leur valorisation pour le développement et l’amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens en y intégrant des conditions à caractère contraignant pour garantir la durabilité. Cette rupture implique d’intégrer la durabilité en tant que pilier du modèle de développement du pays à travers notamment :
• La mise en œuvre d’une stratégie intégrée de développement par le climat s’appuyant sur les opportunités offertes par la finance climatique pour renforcer la résilience du pays, nous accompagner dans l’atteinte des objectifs nationaux en la matière et contribuer au développement des secteurs de l’économie verte et bleue dans notre pays et sur le continent africain ;
• L’élaboration d’une stratégie intégrée d’efficacité hydrique intégrant des objectifs précis en matière de durabilité, de distribution équitable et de valorisation responsable de la ressource hydrique à l’aide notamment de contrats de nappe, de la valorisation des bassins versants et de eaux usées et l’adoption d’un juste prix de la ressource hydrique ;
• L’accélération de la mise en œuvre de la stratégie énergétique et notamment du développement des capacités de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables ;
• La mise en œuvre effective de la stratégie nationale d’efficacité énergétique et l’évaluation de tous les projets de développement en cours et à venir à travers ce prisme ;
• L’orientation progressive du recours à l’endettement des institutions publiques vers l’investissement productif avec un rééquilibrage des maturités de la dette avec les capacités de remboursement directement liés aux investissements concernés ;
• La mise en place des mécanismes efficients pour améliorer le pouvoir d’achat des citoyens et notamment des classes moyennes, prévenir le surendettement et soutenir les ménages en situation de surendettement.
La baisse progressive du niveau de durabilité de notre trajectoire de développement constitue non seulement un frein pour la dynamique actuelle mais aussi une hypothèque pour l’avenir de nos enfants. Pour accélérer notre évolution vers un nouveau palier de développement et en garantir la durabilité, il est nécessaire de passer d’une consommation abusive des ressources rares en eau, en énergie et en financements, à une consommation responsable de ces ressources et à leur valorisation pour le développement et l’amélioration des conditions de vie des citoyennes et des citoyens.